A 10 mois des élections municipales…
Un contributeur d'Alfortville Confluence nous livre, comme après chaque élection, son analyse du scrutin. La voici.
Le résultat des élections européennes est tombé. Il inscrit dans la durée le bouleversement observé depuis l'élection présidentielle en 2017 qui a été un véritable jeu de quilles dans l'establishment des partis traditionnels. En particulier pour les deux partis ou alliances partisanes qui avaient jusque là alterné au pouvoir. Ceci a fait l'objet de nombreux commentaires. Cela fera, n'en doutons pas, l'objet de quelques règlements de compte.
Bientôt la torpeur de l'été. Mais dès septembre prochain, la perspective des élections municipales va raviver le débat politique local.
Depuis l'élection des conseillers municipaux en 2014, les Alfortvillais sont retournés régulièrement dans les bureaux de vote (européennes en 2014, départementales et régionales en 2015, présidentielles et législatives en 2017). Certes chacune de ces élections a des caractéristiques bien différentes, tant dans l'objet que dans le mode scrutin.
Mais le résultat qui vient de tomber est intéressant car il vient après une période de plus de 2 ans sans élections depuis le big bang de 2017.
Sous les réserves ci-dessus, il permet donc une analyse pertinente au niveau des tendances politiques locales, d'autant plus que le nombre de votants est à peine moins élevé que pour la dernière élection municipale.
Lors des précédentes analyses ici publiées, le pourcentage de voix servait de base comparative entre les élections. Au vu de la recomposition politique actuelle, il est préférable cette fois de baser l'analyse sur le nombre de voix. Il n'est nécessaire que de parler des grands blocs en excluant la horde des groupuscules qui ont obtenu moins de 3 % des suffrages exprimés. Voici l'analyse du rapport actuel de ces forces, classées dans l'ordre de leur résultat à la récente élection.
En Marche
Si cette liste sort en tête à Alfortville avec 2226 voix, l'érosion est continue depuis les élections présidentielle (4763 voix) et législative (3210 voix). Toutefois cette observation doit être considérablement modérée par le nombre de votants en forte diminution. Après une absence remarquée de ce parti lors de la campagne locale des derniers mois, la cote actuelle (20%) semble difficile à inverser, sauf à trouver une tête de liste connue et charismatique.
Parti Ecologiste
En troisième position, ce parti totalise 1962 voix. Ce score ne doit pas faire illusion. Son résultat national est dû à la grande faiblesse de son allié habituel et à une conjoncture médiatique très favorable, portée par les problèmes relatifs au défi climatique, à l'emploi destructeur de produits chimiques dans l'agriculture, à l'ajout de produits malsains dans l'alimentation, à la pollution toujours plus envahissante. Un effet de psychose a joué, le fait qu'elle soit justifiée ou non n'étant pas le sujet de la présente contribution.
Au niveau local, le siphonnage des voix du bloc socialiste est évident. L'analyse des scrutins antérieurs permet d'estimer le poids réel de ce parti entre 3 et 6 %. Mais un effet de mode peut lui permettre d'améliorer ce score, sous la condition très improbable de la constitution d'une liste, au vu de son implantation militante locale.
Rassemblement National
En troisième position avec 1547 voix, ce parti n'a pas jusqu'ici réussi à présenter une liste de 43 candidats. Le vote de ses sympathisants s'est, on le sait, largement reporté aux dernières élections municipales sur la liste Bedrossian, donnant ainsi l'explication du score obtenu. Si ce parti réussit à rassembler suffisamment de candidats, son score devrait voisiner les 15 %. Sinon, la composante populiste, estimée récemment à 60 %, rejoindra la liste France Insoumise.
Parti Socialiste et alliés
Les 1231 voix obtenues par la liste officielle ne reflètent bien évidemment pas le poids réel de ce bloc. Il convient d'y ajouter, d'une part, les 705 voix de la liste Hamon et, d'autre part, le report des voix qui ont migré sur la liste écologiste. L'estimation de ce socle à un total d'un peu moins de 3000 voix et aux alentours de 25 % paraît raisonnable.
France Insoumise
Le très fort recul enregistré au niveau national est confirmé au niveau local. Avec 923 voix, ce parti ne pourra être assuré d'avoir des élus que dans deux cas : soit en cas d'absence du Rassemblement National qui lui permettrait de dépasser les 15 % de suffrages, soit en cas d'absence de candidatures des petits partis d'extrême gauche qui lui permettrait de dépasser la barre des 10 % et de se maintenir au second tour des élections municipales.
Les Républicains
Même constat de très fort recul que pour la France Insoumise. Le score obtenu à l'élection européenne ne permet pas, même en cas d'alliance avec l'UDI, de passer le cap du premier tour. L'élection locale étant de nature très différente, ce parti peut encore espérer, sous réserve d'efforts importants au plan local, avoir quelques élus, mais rien de plus.
Debout la France
Avec 343 voix, ce parti souverainiste n'est pas en mesure de présenter une liste et les susceptibilités individuelles ou partisanes pourront avoir raison d'une alliance avec un autre parti.
Parti Communiste
La fidélité de son électorat lui permet d'obtenir aussi 343 voix, résultat qui reste d'une stabilité étonnante d'une élection à l'autre. Cela correspond à 3 % des suffrages. Sans alliance, c'est un parti voué à la disparition au niveau local.
Et les suivants ?
Il est inutile d'allonger le propos. Même si deux listes bénéficient actuellement d'un représentant au Conseil Municipal. Dans les deux cas, elles le doivent uniquement à des changements d'étiquette politique !
Mais le total est mauvais…
Lecteur attentif, vous avez remarqué ce point. En effet, l'addition des pourcentages donne 85 % dans le cadre d'une candidature Rassemblement National et 80 % dans l'hypothèse d'une absence de la même candidature. Tout s'explique : une composante importante dans une élection municipale n'a pas été prise en compte. Oui, vous l'avez deviné, il s'agit de la société civile. Avec un impact de 15 à 20 %, elle représente une force d'appoint indispensable à toute liste, quelle que soit sa tendance politique nationale.
Sous forme de conclusion
Loin d'un clivage politicien éloigné des préoccupations quotidiennes des Alfortvillais, la force d'une liste, quelle que soit sa tendance, sera de montrer l'union de personnalités compétentes. Et de la démontrer avant le scrutin. L'époque de l'assemblage des logos au bas d'un tract est révolu : les résultats de l'élection européenne à Alfortville, en rejetant comme ailleurs dans le pays les partis traditionnels, ont démontré que les Alfortvillais ne veulent plus d'une tambouille électorale opportuniste à l'origine de nominations de complaisance qui ne pourront être qu'handicapantes au plan électoral.