Billet d'humeur n° 14 d'Hérodote d' Alfortville

ALFORTVILLE CONFLUENCE reçoit, sur son e-mail, un nouveau billet d'humeur d'Hérodote, qui nous fait part des sentiments d'un Alfortvillais "de base" lors d'une réunion de concertation sur le PLU. C'est avec plaisir que nous publions, avec son accord, ce billet.

Billet d'humeur: concertation express ? Non , TGV !

La période électorale étant suspendue pour quelques mois, le marché ne présente plus comme intérêt que son objet premier: les poireaux et les abricots. Les tracts se font rares. Les vacances approchent. Je vais donc devoir prendre congé de vous pendant quelque temps. Quoique... Quoiqu'il soit probable que nos édiles municipaux m'amènent, au détour de quelques actions, à écrire un nouveau billet !

Je ne me cache pas que ces billets sont devenus, au fil du temps, une thérapie: une thérapie qui me permet d'exprimer mon indignation devant la façon dont Alfortville est malmenée, mal menée et devant l'argent des Alfortvillais foutu en l'air.

Mais je "philosophe", et je m'écarte de mon propos.

Notre maire m'a donc, vendredi soir, apporté une nouvelle occasion de m'intéresser à notre ville, lors de la réunion de concertation du PLU.

Cette soirée fut à l'image des réunions précédentes sur le même sujet.

En préambule, un exposé audiovisuel qui nous chante la berceuse: aujourd'hui nous nageons dans le bonheur, demain sera le paradis. Tout ceci avec des affirmations lénifiantes, ne s'appuyant sur aucun élément concret. De la propagande, comme l'ont déjà dit les auteurs de ce blog. Et, après la projection, une phrase révélatrice du maire: "Je suis très fier de l'élaboration de ce projet". Nous avons alors la confirmation, à cet instant précis, que le débat qui va suivre est purement formel: comment oserait-on écorner la fierté du maire ?

Suivent les questions du public: voici mis en cause, en abondance, les dépôts sauvages, les poubelles sur les trottoirs, la prolifération des rats, l'occupation des trottoirs par certains commerçants, les places de stationnement transformés en annexes de garagistes, les voitures ventouses signalées pendant des mois et jamais enlevées... Une liste à la Prévert des problèmes quotidiens des Alfortvillais, mais sans aucun rapport avec le PLU. Loin de moi l'idée d'émettre un quelconque reproche aux intervenants: depuis des années, ils ont écrit, rouspété, tempêté, demandé à être reçus, le tout sans résultat. Alors, puisque, à l'occasion de ces réunions sur le PLU, c'est la première fois de la mandature, et sans doute la dernière, qu'ils ont l'occasion de s'adresser directement à leur maire, ils en profitent !

Un petit épisode savoureux et révélateur. Lorsqu'un habitant demande une campagne d'éclairage dans nombre de rues, le maire répond: "C'est plutôt une campagne d'élagage qu'il faudrait faire". Réponse sidérante quand on connait le nombre ridicule de rues arborées à Alfortville... En préparation, massacre à la tronçonneuse n° 3...

Il y eut aussi des questions relatives au stationnement, à la circulation avec les réponses à la sauce langue de bois habituelle: "Les Alfortvillais ne se garent pas dans leurs parkings... Sur la place Atcharak, il y a au des réunions de concertation, il y a eu débat... On a plutôt bien réussi... Tous les jours, quand je rentre chez moi déjeuner, je rentre ma voiture dans mon garage. Et bien, je suis le seul de la rue". Et, en plus, il dénonce ses voisins...

Nous avons même eu droit à une nouveauté qui va faire méditer nos amis cyclistes: "On a étudié la piste cyclable boulevard Carnot... Pour les adultes, ça peut marcher. Mais on augmente la dangerosité pour l'enfant..." Bref, selon le maire, les enfants à vélo au milieu des voitures, c'est beaucoup plus sécurisant qu'une piste sur un trottoir... Enterrement annoncé des circulations douces à Alfortville: ni fleurs, ni couronnes !

Autre point abordé: le chiffre de population future d'Alfortville: le maire n'en sait rien ! D'ailleurs, il n'est pas plus capable de dire quel est le nombre d'habitants actuel... Vérification faite: aucun chiffre non plus dans la plaquette distribuée, mais cette affirmation: "Ce plan orientera l'action municipale pour les 10-15 ans à venir." Les Alfortvillais apprennent ainsi que le document d'urbanisme présenté, qui est déterminant pour leur avenir, a été établi sans savoir d'où l'on vient et où l'on va ! Y a-t-il un pilote dans l'avion ?

Autre question: la programmation d'équipements. "Je n'ai pas de prévision particulière, sinon d'apporter un certain nombre d'équipements nouveaux dans la ville qui sont aujourd'hui calculés et projetés". Bref, le maire est incapable de dire quoi que ce soit à ce sujet. Et enfin le summum: "Il y a des réserves foncières qui se font un peu naturellement". Naturellement ? Le maire s'explique: il compte uniquement sur des dons d'autres collectivités et sur des dations de bienfaiteurs. A votre bon coeur, Messieurs-Dames !

En conclusion, le maire déclare: "Je ne suis pas très bon dans la mémoire des chiffres." On s'en était aperçu. Mais, pour pallier cette déficience intellectuelle avouée, il aurait pu au moins en donner dans les documents distribués. Cela aurait été trop s'engager. Plus tard, s'il est réélu, il pourra nous ressortir: "Je n'ai jamais dit cela.. Je n'ai jamais dit cela..."

Clap de fin: la concertation est terminée, les cahiers de propositions sont refermés. Tout a duré quelques instants: juste le temps de ne pouvoir rien discuter, rien proposer, rien modifier.

Osons la métaphore: cette concertation a été pour les Alfortvillais à l'image du spectacle du record de vitesse du TGV. La promesse du passage, le passage éclair de la vedette dans un bruit ne permettant pas de s'exprimer et, aussitôt, le souvenir du passage.