PLU d' Alfortville: concertation... ou chape de plomb ?
COMPTE-RENDU DU DÉBAT D’ORIENTATIONS GÉNÉRALES
DU PROJET D’AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Certains d'entre vous nous ont trouvé bien silencieux sur l'élaboration du PLU d' Alfortville, étude en cours actuellement. Ceci s'explique assez simplement: notre silence est le reflet du peu d'informations données par la majorité municipale alors que les Alfortvillais sont censés être, depuis 4 mois, consultés dans le cadre de la phase de concertation rendue obligatoire par la loi SRU.
Le bilan actuel de cette phase est rapide à faire.
Une première réunion, annoncée très discrètement dans le BMO, s'est tenue en Mairie le 03 décembre 2006, pendant laquelle Monsieur le Maire a monopolisé, chronomètre en mains, plus de 90 % du temps de parole pour se livrer à un discours de justification de son action politique, plus proche de la propagande électorale que des réponses aux questions posées, assénant sa vision des choses sans aucun dialogue ni écoute de la salle, décourageant ainsi les bonnes volontés, comme cela s'est vérifié par la suite.
A la suite de la réunion, le site internet de la ville a mis en ligne un document que chacun peut encore consulter: les lieux communs se succèdent dans une série de principes vertueux et de bons sentiments mièvres.
Une deuxième réunion a été organisée le 15 février 2007 sur invitation: une trentaine de personnes s'est déplacée sur la soixantaine invitée. Divisés en 3 groupes, ce qui a été vivement contesté, les participants n'ont pu s'exprimer sur l'ensemble des sujets.
Cette contestation a été prise en compte puisque 3 réunions, annoncées par un simple boîtage, ont eu lieu entre le 12 et le 15 mars, en reprenant les mêmes thèmes à l'origine des groupes. A chaque fois, une vingtaine de participants "non officiels", sensiblement les mêmes d'une réunion à l'autre.
Lors de ces réunions, aucun document n'a été distribué. Malgré les
demandes des intervenants, répétées à chaque réunion, aucun
compte-rendu n'a été fait, ni aucun comité de suivi n'a été constitué.
A ce jour, aucun bilan n'a été rédigé.
Le 23 mars 2007, dans la soirée, les Conseillers municipaux ont appris que, lors du Conseil Municipal du 29 mars 2007, ils devraient débattre sur les orientations du Projet d'Aménagement et de Développement Durable (PADD). Pour "nourrir" leur réflexion, ils n'ont reçu qu'un document dactylographié de 16 pages d'une inconsistance absolue.
En conclusion, les petites réunions, qui se sont tenues jusqu'à ce jour, n'ont bien évidemment rien à voir avec la concertation prévue par la loi dans le cadre de l'élaboration du PLU. Les moyens employés pour la promotion des réunions ont atteint le but recherché: minimiser au maximum la présence des habitants. C'est la politique menée à chaque enquête publique: il est primordial pour la majorité municipale de la mettre à nouveau en oeuvre dans le cadre de l'élaboration du PLU.
Cette mascarade de consultation des Alfortvillais a suscité l'intervention suivante de la Présidente d' ALFORTVILLE CONFLUENCE, lors du débat en Conseil Municipal.
Catherine de Rasilly
Conseiller Municipal sans étiquette
CONSEIL MUNICIPAL DU 29 MARS 2007
DÉBAT D’ORIENTATIONS GÉNÉRALES
DU PROJET D’AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Monsieur le Maire,
Vous proposez aujourd’hui au Conseil Municipal de débattre les orientations du PADD dans le cadre de l’élaboration du PLU.
Mais débattre de quoi, et comment ?
Car
votre gestion de ce dossier, comme celle de l’immense majorité des
études depuis le début de cette mandature, est faite dans un
manque total de transparence. Votre politique du secret vous conduit à
n’imaginer que quelques actions formelles qui ne respectent même pas
les dispositions de la loi SRU. Parlons donc de votre méthode.
Lors
d’un précédent mandat, vous aviez élaboré un POS qui a livré la ville à
une urbanisation démentielle. Vous trouvez aujourd’hui cela
“insupportable” pour reprendre le qualificatif que vous répétez à tout
va. Vous déclarez que personne ne pouvait imaginer il y a 10 ans qu’il
y aurait tant d’immeubles. Quelle naïveté ! Car, à cette époque, la
rareté de l’offre foncière en région parisienne était parfaitement
connue. Car il était certain qu’Alfortville, aux portes de Paris, bien
desservie par les transports en commun, avec les possibilités
constructives que vous avez alors données, allait subir ce
développement anarchique. Une simple étude de constructibilité des
zones vous l’aurait démontré: elle était indispensable et vous ne
l’avez pas faite.
Alors, ne reprochez pas aujourd’hui aux
promoteurs de construire: c’est leur métier. Le bétonnage actuel est la
conséquence de vos choix de l’époque et vous en êtes le seul
responsable.
Depuis le début de la présente mandature, devant
cette situation “insupportable”, vous avez pratiqué le rustinage à
répétition de votre POS. Mais la pression a été trop forte: les
procédures de riverains ou de promoteurs se multipliant, vous avez
décidé de lancer l’élaboration du PLU.
Et après l’attentisme
absolu, c’est la précipitation désordonnée qui prévaut. Car comment
nommer autrement la façon dont vous menez ce projet ?
Selon vos
déclarations, vous avez confié à un bureau d’études indépendant une
mission qui a permis d’aboutir à une étude analytique de la
Commune. Vous ajoutez qu’il s’agit là - je cite - d’un “diagnostic
impartial” et d’une “base solide de discussion”. Je vous en ai demandé
par écrit la communication. Vous m’avez répondu que vous refusiez, au
motif qu’il ne s’agissait pas d’un document public. Monsieur le Maire,
mon mandat de Conseiller Municipal me donne droit à l’accès à tous
documents, et votre refus est une fois de plus, un manque d’information
des élus, qui constitue une violation du Code Général des Collectivités
Territoriales. Que contient donc ce rapport, qu’il faille le cacher à
un élu et même à l’ensemble des Alfortvillais ? Pourquoi refusez-vous
de donner à chacun une “base solide de discussion” ?
Vous avez
déclaré le 03 décembre 2006 qu’une commission municipale, comprenant un
certain nombre d’élus, avait travaillé sur le PLU. Dois-je vous
rappeler qu’une commission municipale ne peut être composée que lors
d’un vote du Conseil qui élit ses membres ? Votre commission est donc,
au mieux, une amicale, aux délibérations secrètes, dont vous avez exclu
tout membre de l’opposition.
Bien plus grave, vous vous livrez
en ce moment, par rapport aux Alfortvillais, à un parodie de
concertation, avec des réunions qui ne sont pas publiques dans le sens
qu’elles ne font pas l’objet de publicité au sens officiel et légal du
terme. Je m’en explique.
La réunion du 3 décembre 2006: une
annonce entre deux lignes en fin d’un article en pages intérieures du
BMO. La réunion du 15 février 2007: une invitation personnelle à 50/60
personnes ! Les 3 réunions de la mi-mars 2007: une information donnée
par un boîtage aléatoire en fonction du barrage des digicodes.
A
chaque fois, une assistance très clairsemée, une fois décomptés les
conseillers municipaux et les personnels de l’administration communale.
Encore heureux que les blogs citoyens locaux aient donné l’information,
sinon cela aurait été encore pire !
Des réunions de quartier ? Vous n’en parlez même pas.
Pour
en revenir au PADD, vous en proposez aujourd’hui le débat
d’orientations alors que vous n’avez pas encore établi, et pour cause,
je viens d’en parler, le bilan de la concertation. C’est-à-dire que
vous demandez au Conseil Municipal de discuter des grandes options
d’avenir alors même que vous ne lui faites pas connaître les désirs des
citoyens que vous êtes censé avoir recueillis.
En ce qui
concerne l’information des Conseillers Municipaux, depuis le début de
l’élaboration du PLU, vous n’avez communiqué, et seulement 5 jours
avant ce Conseil, qu’un document de 16 pages qui est un catalogue de
banalités, de lieux communs et de phrases creuses. On croirait lire le
BMO.
Ce document devrait être technique. Malheureusement on
n’y trouve, dans sa partie analyse, qu’une petite vingtaine de
chiffres, datant de 1999. Et encore je décompte la superficie, la
longueur et la largeur de la commune pour 3 chiffres ! Aucune
information sur les 8 dernières années: ces chiffres existent mais vous
refusez manifestement de les publier. Comme si la présente mandature
n’avait pas existé: est-ce votre bilan ? C’est révélateur !
Quant
à la partie prospective, baptisée pompeusement les enjeux, il n’y a
aucun chiffre, sauf celui du rythme de trains souhaité ! Des éléments
prévisionnels essentiels manquent, des contraintes et des orientations
obligatoires imposées par des réglementations supérieures ne sont même
pas évoquées. La liste de ces points incontournables est bien trop
longue pour être faite ici: vous n’en mentionnez aucun.
Dois-je
vous rappeler que le PADD doit obligatoirement explorer plusieurs
scénarios, dont les ébauches devraient être indiquées dans le rapport
présenté au débat d’aujourd’hui ? Je ne vois dans le document distribué
que du flou, de la langue de bois et aucun scénario.
Vous avez,
lors de la réunion du 13 mars 2007, indiqué que, pour vous, le nombre
d’Alfortvillais était le nombre légal, soit 36 232 habitants, et que
vous vous en teniez là. Le même chiffre qu’il y a 25 ans ! Vous
n’accordez aucune crédibilité à l’estimation de l’INSEE au 01 janvier
2006 qui s’établit à 42 800 habitants. Vous avez même mis en doute le
professionnalisme des experts de l’INSEE, comme celui des agents
recenseurs qui “oublieraient” , selon vous, de nombreuses personnes,
accusation qui d’ailleurs va à l’encontre de votre théorie.
Et
pourtant le dernier numéro de la revue du Conseil Général, que vous ne
pouvez pas suspecter politiquement, affirme que l’accroissement de la
population alfortvillaise est de 900 habitants par an. C’est évident,
c’est vrai: chacun peut le vérifier au rythme des immeubles en
construction dans son environnement immédiat.
Se cramponner
désespérément à 36 232 habitants, cela s’appelle refuser la réalité !
Vous n’avez d’ailleurs mentionné aucun chiffre de population dans votre
document de 16 pages: c’est un comble !
Aujourd’hui le débat
devrait être le suivant. Nous sommes déjà 44 000 Alfortvillais. Dans 10
ans, combien voulons-nous être ? 48 000, 50 000, 53 000 ? Et dans
quelles conditions ?
Pour conclure, j’observerai que le POS que
vous avez établi il y a 10 ans contenait en lui-même les germes de son
échec en raison d’études insuffisantes. Aujourd’hui, vous élaborez le
PLU de la même façon. Vous recommencez les mêmes erreurs. Vous élaborez
un document en pensant que la réglementation est à la base de
l’urbanisme, alors qu’elle ne doit être que l’outil de mise en œuvre du
projet de ville.
Vous écartez la population, vous découragez les
bonnes volontés, vous ignorez les compétences, vous n’informez pas les
élus, vous agissez en catimini.
Une fois de plus, hélas,
pressé par des événements que vous n’avez pas su anticiper, vous voulez
passer en force: cela est malsain pour la démocratie.
Les différents groupes politiques représentées au Conseil Municipal ont exprimé les orientations suivantes.
Monsieur Loreau, rapporteur de la délibération, a affirmé: "On a eu déjà largement une information." Ceci s'ajoute à la liste de ses mensonges, puisqu'AUCUNE information sur le contenu des études ou sur la concertation n'a été donnée aux Conseillers Municipaux.
La représentante du Parti des Travailleurs s'est étonnée, à juste titre, que l'existence de l'Opération d'Intérêt National Seine-Amont ne soit même pas évoquée, puisque c'est cet établissement public qui, dans l'avenir, délivrera les permis de construire et aménagera les ZAC. Ceci a bien fait rire Monsieur Loreau: c'est pourtant une réalité.
Le représentant du Parti Communiste a insisté sur la prise en compte des problèmes de stationnement et de la fluidité de la circulation en indiquant: "On n'a pas fait assez d'efforts dans notre mandat. Rue Paul Vaillant Couturier et rue Véron, des aménagements sont à faire".
Le représentant du CCAS s'est intéressé uniquement au problème du logement, en s'inquiétant de la démolition des Alouettes et du relogement des habitants lors de la réalisation de la ZAC des Bords de Marne.
Le représentant du Parti Socialiste a mis en avant la nécessité de renforcer les transports en commun et de réduire la circulation automobile, de rendre les trottoirs aux piétons et de créeer des parkings en sous-sol.
Le représentant des Verts s'est déclaré "très satisfait des progrès sur les espaces verts" et "vivre dans une ville aérée avec une grande variété arboricole". Nous citons. Dans un deuxième temps, et "puisque la parole est libre aujourd'hui", il a dénoncé des errements qui ont conduit par trois fois à remettre en cause des circulations douces. Une conseillère des Verts a ajouté que le vélo n'est pas un loisir mais un moyen de déplacement.
Le représentant de l'UMP a indiqué qu'il y avait déjà trop de logements sociaux à Alfortville et insisté sur les difficultés de stationnement.
La représentante de l'UDF a limité son intervention à un souhait de petits autobus RATP, qu'elle a dénommés hirondelles.
En réponse aux intervenants, Monsieur le Maire a déclaré qu'il fallait une réglementation de circulation et de stationnement, avec une application effective, donc un contrôle et une verbalisation des infractions: "Il faut un service un peu musclé." Il a aussi déclaré avoir fait des études de stationnement et en a livré les conclusions: "Il ne faut pas créer des places; il y en a suffisamment. Il faut élargir la réflexion à 3 ou 4 personnes." Ce qui signifie qu'il y réfléchit pour le moment tout seul ou avec un seul interlocuteur... Il a enfin dénoncé ses vosins dans la rue où il habite parce qu "ils ne se garent pas chez eux".
Voici donc ce qu'a été le débat sur les grandes orientations de l'avenir d' Alfortville. Sans commentaires.
Concluons par la teneur de l'article qui vient de paraître en page 11 du BMO (n° 116 de mars-avril 2007) sur 2/3 de page. Les 99,8 % d'Alfortvillais qui n'ont pas participé aux réunions ne pourront y apprendre qu'une chose: c'est que le rédacteur de l'article a trouvé ces réunions très constructives.
Il y a au moins une phrase dans cet article à laquelle nous adhérons complètement: "Alfortville reste fidèle à son mode de fonctionnement: la concertation avec ses habitants sur tout sujet revêtant une importance particulière." Il est vrai que la concertation est telle à Alfortville que son importance est "particulière": elle reste pratiquement au niveau zéro.
Ce ne sont pas les riverains du boulevard Carnot et de la rue du Groupe Manouchian qui nous diront le contraire; ce ne sont pas les riverains de la rue Francheschi ou les commerçants proches de la place de la Mairie qui nous diront, eux aussi, bientôt le contraire.
Point final. La concertation est terminée.
Alfortvillais, circulez, y'a rien à voir. Et d'ailleurs on ne vous a rien montré: vous ne savez RIEN sur le PLU. Vous n'êtes pas les seuls: la plupart des Conseillers Municipaux non plus, puisque Monsieur le Maire a REFUSÉ à certains de leur communiquer les documents qu'ils ont demandés.