L'AGGLO et la COUR DES COMPTES
La Cour des Comptes vient de publier son rapport sur l'intercommunalité en France.
L'Agglo de la Plaine Centrale, dont fait partie Alfortville, y est citée en (mauvais) exemple.
En page 39, le rapport mentionne le manque de pertinence du périmètre de l'agglomération, "dépourvu de logique d'aménagement". Nous en avions déjà parlé dans notre message en date du 29 septembre 2005.
Le plus étonnant est la réponse du Président de l'AGGLO à la Cour des Comptes, que nous rapportons in extenso, telle qu'elle est publiée en page 377 du rapport. In extenso, parce que cette réponse constitue la preuve même de l'incohérence de cette agglomération.
"Le territoire des trois communes constituant l'agglomération: Alfortville, Créteil, Limeil-Brévannes, est pertinent du fait de sa forte logique d'aménagement: le tiers Sud de la commune d'Alfortville, le Sud de Créteil et la moitié Nord de Limeil-Brévannes forment en effet un territoire en aménagement et fort développement économique, articulé de part et d'autre de l'A 86 et son prolongement la RN 406, autour du carrefour Pompadour. C'est ce qu'on appelle traditionnellement la "Plaine Centrale du Val-de-Marne", constituée d'anciennes gravières et sablières, aujourd'hui fort enjeu foncier et d'urbanisation, à vocation d'activités. Le refus du Préfet de l'époque de constituer l'agglomération était particulièrement infondé, et le Ministre a en effet eu la sagesse de ne pas attendre le jugement du Tribunal Administratif dont l'issue défavorable au Préfet ne faisait guère de doute, pour arrêter la création de la Communauté de la Plaine Centrale." Fin de citation.
Quel aveu ! Le Président de l'AGGLO reconnaît pour seule pertinence
un développement uniquement économique sur une partie du
territoire. Cela fait-il une AGGLO ? La réponse est NON.
Et cela le fait d'autant moins
que ces zones d'activités sont déjà largement aménagées et que
l'ensemble n'est pas
"articulé de part et d'autre" mais complètement divisé par l'A 86 et la
RN 406 (qui n'a
aucun accès sur ces zones !)... sans compter la coupure de la ligne
SNCF. C'est la "pertinence" d'une bande qui s'étire sur 5 kilomètres et
demi, dont la partie centrale ne dépasse pas 200 mètres de large
sur plus de 2 kilomètres...
Que de mensonges ! Le territoire indiqué ne constitue ni la moitié,
ni le tiers des communes. Les zones d'activités sur les anciennes
gravières
concernent 50 hectares de la commune d'Alfortville, 135 hectares sur
la commune de Créteil et 75 hectares sur la commune de
Limeil-Brévannes, soit un total de 260 hectares représentant moins de
12 % du territoire de l'AGGLO. Justifie-t-on une AGGLO par une seule
raison
(économique) concernant une infime partie du territoire ? La
réponse est NON.
Quelle arrogance ! Dire que le Préfet de l'époque était infondé à refuser cette agglomération, c'est faire peu de cas de la considération que chacun doit au premier représentant de l'Etat dans le département...
Quelle présomption ! Se prévaloir d'une décision de justice sans qu'elle soit rendue...
Quelle manipulation ! Faire état de la sagesse du ministre, qui semble avoir été largement inspirée par la camaraderie de parti...
Cette réponse est un bel exemple de ce qu'on appelle, pour d'autres sujets, du révisionnisme. Et il faut avoir un certain culot de s'adresser ainsi à un des premiers personnages de la République, le Président de la Cour des Comptes, surtout lorsqu'on est Député...
L'incohérence du périmètre ne peut être niée par toute personne de bonne foi, et chacun sait que l'AGGLO n'a été créée que par accointances politiques.
Cerise sur le gâteau. En privé (en privé, d'après les propos du même Président de l'AGGLO, bien que ce soit devant plus de 200 personnes réunies à la cérémonie des voeux qui s'est tenue le 15 décembre 2005 à Créteil), le Président de l'AGGLO a déclaré en regardant l'assistance: "L'espace à droite n'est pas représenté, c'est notre cohérence! "
C'est bien la seule réponse qu'il aurait dû faire au Président de la Cour des Comptes, c'était moins long et c'est la vérité.